dimanche 9 avril 2017

Le point Vertigineux



Je veux atteindre ce point où tout s'effondre pour renaître en permanence, l'atteindre à moins qu'il ne vienne à moi, puisque son désir peut aussi bien appeler le mien à l'étreinte de nos deux corps. Je veux atteindre ce point vertigineux qui ne va pas sans rappeler le point sublime ou suprême d'un certain André Breton qui au nom de la poésie, provoqua le destin en duel.
Ce point qui échappe à toute topographie, à toute géométrie, qui est pourtant là quelque part, sur un plan insoupçonné encore, je l'entends qui résonne  dans chacune de mes pulsations intuitives comme un frisson qui hérisse à la surface de ma peau sensible, l'étoffe de mon âme.


J'ai depuis toujours assisté à ces rendez-vous manqués, où le hasard du destin ma manqué d'une seconde, d'un pas fait sur le côté pour esquiver notre rencontre. Pour pour me congédier et me renvoyer à mon attente, celle d'un désir qu'il désavouait du moins provisoirement.
Le destin jouait à cache-cache, moi les yeux bandés, lui tournoyant autour de moi  me transformant en toupille aveuglée,  séparée de ses  sentiers tortueux, escarpés, parfois à flanc de précipices, qui mènent à lui.


J'attendais la fin de ce jeu long et parfois cruel, même si je savais qu'il en valait la chandelle, celle qui de sa lumière éclairait enfin le monde obscurci par l'ignorance de mes pas perdus.
Ce point vertigineux pointait le bout de son nez maintenant, je le sentais désormais emporté par les vents doux qui effleurent la surface de ma peau, me donnant les indices de notre rencontre dans les évènements synchroniques de l'existence, ceux qui offrent davantage de profondeur à mon regard, d'épaisseur à ma pensée, de hauteur à mes jugements, de tranchant à mes décisions.


Car la réalité était autre que ce monde préfabriqué que ma pensée et sa mémoire complice dupliquaient à  souhait, me proposant toujours  le même monde. Une série illimitée de pâles copies d'un monde oublié. Ce modèle originel brillait pourtant derrière les nuages dissipés.  Il était ce point dérobé que mon cœur n'avait jamais  cessé de voir en ligne de mire  ; c'est mon corps et mon esprit qui maintenant l'assignaient à s'aligner sur la droite ligne que mon destin s'était promis de parcourir. J'étais près, enfin prêt... le vertige n'étant plus l'appréhension du vide, de la chute, mais l'appel intime de la conscience qui transformerait le monde en y invitant la Vie.  L'éclair de l'instant, l'étincelle de la Rencontre, la magie de la poésie, tout cela c'est la Vie qui se fixe en un point qui se dérobe et  que nous appelons "Je", faute de lui avoir trouvé un autre nom, son vrai nom. Ce que nous croyons être n'est que le moment où elle sait séparée d'elle pour se regarder dans son miroir : le point 'vertigineux '. Là où elle s'est arrêtée.  Nous sommes 'le souvenir de son image'... L'espace où l'arrêt inespéré de son mouvement éternel s'est posé pour se regarder.








 

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