jeudi 7 juillet 2016

Tourtour


TOURTOUR


Village perché au cœur du Ciel,

Tes nuages d’ailes

Sont les seules empreintes

D’un papillon qui sans crainte,

Toucha tes cimes de dentelles.


Tu nous a laissé pour seul emblème

Ce corps de bronze et de Reine,

Qui du haut de son royaume aquarelle, 

Veille sur le souffle créateur,  protègeant du temps ta citadelle.  


    Car le ciel t’a promis,
    Pour avoir prêté asile
    Au  papillon courageux et agile, 
    Sculpté dans sa lumière infinie,
    D’être désormais du Temps, et à jamais, affranchi.

                                          Tourtour,
          Ta sentinelle vers le ciel élancée,
          Protège comme personne l’hirondelle seule et égarée,
           Des plus téméraires  et dangereux vautours,
           Comme de tous ceux qui menacent un jour, ta beauté.

L’espace que tu as su dérober au temps
Te dévoile à nous, lentement,
Au détour d'une place, d'une fontaine ou d'un banc,
Dans ta pure tranquillité, où se repose en secret le présent. 


Tu détiens le secret de faire naitre le second silence,
Celui capable de remplacer nos douleurs
Par le chant de l’Espérance , 
Qui suit la mélodie discrète des profondeurs du coeur.

                                  C'est de là,

Que tu appelles à toi  les artistes, les poètes, les troubadours
Qui ont fait tremblé ta terre, depuis toujours.
Depuis que tu es le seul à comprendre le peintre désenchanté,
Prêt à tout pour s’approcher,
De la flamme qui anime ses dessins, ses couleurs, pour les faire danser.


Tourtour,
Un village qui restera fidèle,
Au peintre et à sa main rebelle,
Poursuivant la courbe de son pinceau glissant sur sa toile voutée,
Coloriant comme lui, le tréfonds du ciel,
Pour retenir de Lui, tout ce qu'il nous a patiemment enseigné.

A mieux regarder, pour prétendre un jour te voir,  
A mieux distinguer le blanc du noir,
Quitte à soulever le voile qui nous sépare,
 pour t'apercevoir toi, Tourtour,
Dans l'éclat de ton merveilleux bleu du soir.


                                                                     Philippe David Belardi, Tourtour, Un été, 2016.

  A Bernard Buffet et au village de Tourtour.

(1) Bernard Buffet, le peintre qui, des formes ensevelies sous la poussière de l’être, nous révéla la lumière qui s’y cachait, nous faisant progressivement redécouvrir sa nature  afin que nos yeux fragiles ne succombent pas à sa force prodigieuse et démesurée.

Il maniait comme tous les autres génies de la peinture ou de la sculpture, l’art de retenir la Lumière pour nous la rendre visible, sans danger  pour nos yeux inéduqués, inaptes à résister à son déploiement.