vendredi 5 août 2016

Lumière


Lumière.


Puisque je ne suis presque rien devant toi, 
Lumière,

Depuis que tu ouvres et refermes mes paupières,

J’attendais de toi au moins toi un signe, un geste, pour me faire,

Ton prince, ton roi, celui que tu voudras,

Qui t’accompagne Dieu sait là où tu vas.


Je sais bien que tu n’emportes rien avec toi,

Dans tes voyages sans toits,

Aux trajectoires vagabondes. 

Mais sur moi tes lèvres ont déposé ta sève  

Qui agite les eaux profondes

Et embrase la surface des rêves.


Tu me désertes

Comme je te désire,

Tu me quittes de ton pas alerte

Dès qu’il te faut partir,

Et mes poèmes en pures pertes 

Se perdent en mots inertes

Que tu renonces à lire.



Capturé dans tes filets translucides

Aux mailles d’air et de chrysalide,

Tu m’as rejeté comme un poisson à la mer,

Moi qui avais franchi le cap de ton invisible chair,

Fier de mes écailles étincelantes de soirée.


J’avais cru trouver un costume de taille

Pour te faire rêver,

Une belle parure qui effacerait mes failles, 

Pour te retarder,

Mais rien ne s'opposa à ce que tu t’en ailles 

pour me laisser,

Succombant à l’Appel de la traversée.


J’espérais pourtant t’arracher ce petit bout de toi

Qui fait que je suis homme et pas toi,

Celui que tu portais autour de ton cou,

Quand de l’autre côté de la nuit,

Tu m’as montré pour la toute première fois,

Le jeu des ombres perlées de pluie.



                                                                 J’ai longtemps souhaité de toi 

   Ce petit souvenir,

Qui me dirait quelque chose de ton désir : 

    Comment te retenir.


Et tu m’as donné ce quelque chose,

En échange de mon impétueux désir :

Ton précieux reflet prisonnier d'une rose,

Qui ne s’ouvre qu’à l’aube du Zéphyr.

Il fallut que je l’entende,

Le vent de bouche, me soufflant ta voix,

Que patiemment je l’attende  

Un petit matin à l’orée du bois.

Quand les branches des arbres tremblent

Qu'il ne reste que toi

Dans l'espace d'une seconde pour te plaire,
                                                           
                                                           Et me saisir de ma plume légère,

Pour écrire ce que je sais de toi.


Ton histoire,

Lumière qui se regarde dans le miroir

Qu’elle traverse,

Devant le poète, photographe de l'âme en détresse, 

Qui capture cet instant

Avant qu'il ne disparaisse.




  

      Philippe David Belardi. Lumière, Le miroir des âmes. 2016.