Lumière.
Puisque je ne suis presque rien devant toi,
Lumière,
Lumière,
Depuis que tu ouvres et refermes mes paupières,
J’attendais de toi au moins toi un signe, un geste, pour
me faire,
Ton prince, ton roi, celui que tu voudras,
Qui t’accompagne Dieu sait là où tu vas.
Je sais bien que tu n’emportes rien avec toi,
Dans tes voyages sans toits,
Aux trajectoires vagabondes.
Mais sur moi tes lèvres ont déposé ta sève
Qui agite les eaux profondes
Et embrase la surface des rêves.
Tu me désertes
Comme je te désire,
Tu me quittes de ton pas alerte
Dès qu’il te faut partir,
Et mes poèmes en pures pertes
Se perdent en mots inertes
Que tu renonces à lire.
Capturé dans tes filets
translucides
Aux mailles d’air et de chrysalide,
Tu m’as rejeté comme un poisson à la
mer,
Moi qui avais franchi le cap de ton invisible chair,
Fier de mes écailles étincelantes de soirée.
J’avais cru trouver un costume de taille
Pour te faire rêver,
Pour te faire rêver,
Une belle parure qui effacerait mes failles,
Pour te retarder,
Pour te retarder,
Mais rien ne s'opposa à ce que tu t’en ailles
pour me laisser,
pour me laisser,
Succombant à l’Appel de la traversée.
J’espérais pourtant t’arracher ce petit bout de toi
Qui fait que je suis homme et pas toi,
Celui que tu portais autour de ton cou,
Quand de l’autre côté de la nuit,
Tu m’as montré pour la toute première fois,
Le jeu des ombres perlées de pluie.
J’ai longtemps souhaité de toi
Ce petit souvenir,
Qui me dirait quelque chose de ton désir :
Comment te retenir.
Et tu m’as donné ce quelque chose,
En échange de mon impétueux désir :
Ton précieux reflet prisonnier d'une rose,
Qui
ne s’ouvre qu’à l’aube du Zéphyr.
Il fallut que je l’entende,
Le vent de bouche, me soufflant ta voix,
Que patiemment je l’attende
Un petit matin à l’orée du bois.
Quand les branches des arbres tremblent
Qu'il ne reste que toi
Dans l'espace d'une seconde pour te plaire,
Et me saisir de ma plume légère,
Pour écrire ce que je sais de toi.
Ton histoire,
Lumière qui se regarde dans le miroir
Qu’elle traverse,
Qu’elle traverse,
Devant le poète, photographe de l'âme en détresse,
Qui capture cet instant
Avant qu'il ne disparaisse.
Qui capture cet instant
Avant qu'il ne disparaisse.
Philippe David Belardi. Lumière, Le miroir des âmes. 2016.