samedi 16 janvier 2016

Fragment Le temps originaire





  L'Ailleurs est ce pont que le poète à l'aide de sa langue, décide d'emprunter (d'em-preinter) pour retrouver les traces des dieux et rejoindre la source d'où s'origine le temps. Notre finitude et la conscience que nous en avons, font de l'homme mortel, le Dasein, l'être qui fait face à son horizon dont la limite est sa mort. La langue par lequel il énonce sa condition est celui du projet qui annonce son advenir irréductible, son futur antérieur qui contient le germe de son existence finie. "Le langage est la langue dans son advenir ontique, en tant qu'elle est le chant de l'éternité qui se fait écho dans le monde" dans lequel le dasein (au sens heideggérien) s'est échoué. Le monde est le lieu où il peut et doit faire l'expérience de sa finitude qui devient sa condition, son être le plus authentique. On "ne devient Homme qu'en se surpassant" (Aristote ou Spinoza), en dépassant les bornes qui nous sont assignées pour mieux donner un sens non pas à notre vie mais à la Vie. Celle qui est éternelle et qui voyage en visitant nos formes finies pour mieux déployer son propre règne et l'horizon qui contient le  paysage que nous composons avec elle.
Le poète prend le pari et le risque de l'exil, d'aller hors de soi et de chez lui, pour expérimenter l'étrangeté inquiétante d'une contrée dont la traversée  devrait le conduire à la source du temps. Car le temps originaire jaillissant depuis sa source, sait ouvrir sa bouche et crier ses mots qui nous proviennent tous par ce chant qui fait irruption dans notre langage mondain, notre langue technique. 
Le pari du poète est de faire-encontre avec cette voix qui devient en s'en en approchant, inaudible, tant le silence surchargé de son "son" s'effondre dans l'abîme du "sans-voix". Le poète poursuit néanmoins son chemin dans cet Ailleurs, sans repère auditif, ni visuel puisque le son ne va pas sans le regard et puisque c'est de leur co-appartenance que l'homme se voit s'inscrire dans une structure indéfectible, composée de  l'écoute et du voir qui lui permettent d'être un médium, c'est-à-dire le témoin de l'être dans ses manifestations les plus sublimes.
Le poète fait alors confiance à son intuition comme si l'appel auquel il répondait se devait de le guider en dépit de son retrait apparent. Il cherche alors à entendre, à capter l'unique ou plus exactement le "premier mot" à partir duquel tous les autres naîtront à leur tour. Il cerne le moment du "commencement" à partir duquel le logos apparaîtra comme la trace du premier moment qui doit disparaitre après son avènement.






le temps originaire, aurait-il à voir avec l'émotion primordiale, celle qui constituerait l'origine des autres qui se déclineraient en de multiples nuances ? Est-ce le moment du retrait du commencement qui fait acte de séparation originelle et par là-même de refoulement originaire au sens ontologique du terme ? Du coup, le refoulement originaire dans sa dimension ontique  est à rechercher dans  cette première coupure qui refait surface dans le champ de notre conscience.
(cf. le fragment "coupure, espace et temps... : le refoulement originaire").



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